La disponibilité – ou l’absence – d’un ou de plusieurs espace(s) consacré(s) au soutien autre que le logement privé et les aires de circulation revêt une grande importance quant à la nature du soutien offert, de même que dans l’organisation des soins et services, mais également dans l’organisation sociale de l’habitation, particulièrement en habitation communautaire.
Par conséquent, il importe de réfléchir à l’aménagement ou non d’un espace autre que les logements privés et les voies d’accueil et de circulation dès la conception des plans et devis.
*Le soutien ici est pris dans un sens large. Il peut s’agir d’une aide médicale, d’une aide technique ou même matérielle, d’un service de soutien à domicile comme l’entretien ménager ou la préparation de repas, de même que d’une aide sociale, comme l’organisation d’activités sociales, artistiques ou sportives, ou simplement l’accès à un espace et du matériel pour partager un moment avec d’autres personnes.
Est-ce que le projet rejette l’idée d’aménager un espace consacré au soutien?
Il se peut qu’il ne soit pas possible ni souhaité d’aménager des espaces dédiés au soutien dans un projet d’habitation communautaire. Certains programmes offrant une aide financière au développement de projet d’habitation communautaire ne financent pas l’ajout de tels espaces, ce qui peut effectivement rendre cet aménagement inaccessible au groupe promoteur. Pour d’autres projets, la nature des soutiens prévus peut ne pas nécessiter l’aménagement d’espaces supplémentaires. Il se peut aussi que des espaces soient disponibles à proximité, chez des partenaires ou dans des installations publiques. Nul besoin de dédoubler les services existants s’ils répondent aux besoins.
Bien que la simple présence de tels lieux dans une habitation communautaire ne suffise pas à développer un lien social fort, leur absence représente toutefois un frein considérable à son développement.
Est-ce que le projet comporte un ou plusieurs espace(s) consacré(s) au soutien?
L’existence d’un tel lieu à l’intérieur du cadre bâti de l’habitation communautaire permet de délivrer certains services sans brimer l’intimité du résident en pénétrant dans son espace privé intime (chambre à coucher ou logement). Cela peut aussi permettre de dispenser des services communs ou des services s’adressant à plusieurs personnes à la fois, dépendamment de la superficie de l’espace consacré au soutien. Ces espaces peuvent également servir à offrir un soutien de nature sociale comme des cafés-rencontres, des conférences et formations ou toute autre activité sociale.
Plus que des espaces de soins et services, s’ils sont accessibles en tout temps, ces endroits peuvent devenir un lieu de rencontre informel et ainsi participer à l’établissement de relations de confiance entre les résidents, voire de relations intimes et d’amitié. Lorsqu’ils sont ouverts au public, ils sont un lieu d’échange et d’ouverture.
Diverses nuances possibles d’un espace dédié au soutien
Au-delà de la simple présence ou de l’absence d’un espace dédié au soutien, il y a une panoplie de précisions supplémentaires sur cet espace – usage, accessibilité, superficie, répartition spatiale, ouverture au public, etc. qui demandent de s’y attarder. Voici quelques éléments à considérer si votre projet comporte un ou des espaces complémentaires aux logements privés et espaces de circulation.
a. Est-ce que l’espace dédié au soutien sera accessible aux résidents en tout temps ou seulement à des moments particuliers?
Les espaces supplémentaires peuvent être accessibles à tous en tout temps. S’ils sont en plus polyvalents, ils peuvent avoir plus d’une vocation. Cela peut toutefois nécessiter des aménagements complémentaires, comme celui d’une remise où il sera possible de stocker du matériel ou du mobilier pendant certaines activités. De plus, en multipliant les usages et les périodes d’achalandage, l’aménagement de ce type de salle devient plus rentable. Il peut toutefois y avoir de très bonnes raisons de restreindre l’accès à ces espaces, par exemple si des équipements spécialisés ou coûteux y sont installés.
b. Est-ce que les espaces dédiés au soutien sont aussi accessibles aux gens de la communauté?
Un espace ouvert à la collectivité peut amener une plus grande diversité dans les activités accessibles à la fois aux résidents et aux citoyens en général. Cela pourrait également amener la circulation de diverses personnes autrement peu portées à côtoyer les aînés résidents dans l’habitation pour aînés. Cette ouverture est également bénéfique pour la communauté, qui bénéficie alors d’un espace supplémentaire pour la tenue de réunions, rencontres et activités de toutes sortes.
En contrepartie, un espace réservé aux résidents peut contribuer au développement d’un sentiment d’appartenance ainsi qu’au sentiment de sécurité au sein de l’habitation communautaire. Les allées et venues de gens externes à l’habitation communautaire peuvent être perçues par certains comme une intrusion dans leur chez-soi.
c. Combien d’endroits dédiés au soutien ou espaces communs sont prévus dans le projet?
Il peut être choisi de miser sur un seul lieu où seront concentrées l’ensemble des activités. Ceci a l’avantage d’offrir un lieu de rassemblement clair ainsi que de miser sur des services et activités davantage fédératrices, susceptibles d’intéresser le plus grand nombre. On peut également choisir d’aménager quelques lieux communs, voire de nombreux espaces de taille et de nature différentes. Ceci permet de répondre à des besoins et intérêts divers. Il faut toutefois prendre garde à offrir trop d’activités ou de lieux différents en proportion du nombre de résidents afin d’éviter que les activités ne recueillent qu’une faible audience et que les résidents s’éparpillent entre les espaces communs, qui perdraient alors leur vocation sociale et fédératrice.
d. Quelle superficie auront les espaces communs et les espaces privés?
Il importe de réfléchir à la superficie attribuée aux lieux communs et espaces dédiés au soutien – à la fois la superficie de chacun de ces lieux et leur superficie totale, si le projet en prévoit plus d’un. La superficie des espaces communs est étroitement liée à l’usage prévu de chacun de ces lieux ainsi qu’au financement disponible pour réaliser le projet. Il peut être intéressant d’envisager l’aménagement d’un espace suffisamment grand pour accueillir l’ensemble des résidents, ce qui permettra la tenue de réunions et assemblées. De plus petits espaces offrent par ailleurs l’avantage d’un environnement plus intime. Une combinaison de ces deux types d’espaces communs permettrait une complémentarité des lieux et usages.
La superficie des espaces privés a quant à elle un impact sur l’appréciation des espaces communs – plus les espaces privés sont restreints, plus les espaces communs sembleront attrayants. Des appartements privés suffisamment grands pour accueillir des visiteurs et tenir de petites rencontres entre voisins ou permettant aux locataires de tenir différents appareils et équipements de divertissement, de sport ou de production artistique remplissent en eux-mêmes les principales fonctions du quotidien. L’intérêt à sortir du logement pour prendre part aux activités organisées ou spontanées sera alors moins présent chez les résidents. À l’inverse, de petits logements limitant les possessions et les usages des lieux pousseront les locataires à sortir du logement pour accéder aux activités et à la vie sociale. De plus, il importe que le locataire puisse acquérir un sentiment d’intimité, de confort et d’appartenance envers son logement privé – un sentiment de chez-soi – indépendamment de la superficie du logement. Puisque ce qui détermine ce sentiment varie d’une personne à l’autre, le milieu de vie devrait procurer une certaine flexibilité permettant l’appropriation des lieux (décoration personnalisée, meubles personnels, corde à linge, usage social des lieux privés, etc.), dans l’espace privé principalement, mais également dans les espaces communs, dans une certaine mesure.
Il ne faut pas non plus oublier que des espaces extérieurs (balcon, terrasse, parcelle de terrain, etc.) peuvent faire partie de l’espace privé comme de l’espace commun.
e. À quel(s) usage(s) est ou sont destiné(s) le ou les espaces communs?
Des besoins divers peuvent être vécus par les résidents, qui nécessitent des lieux (espace, aménagement, ambiance, etc.) et des équipements parfois spécifiques, parfois plus polyvalents.
Voici une liste non exhaustive de différents usages que pourrait souhaiter mettre en commun votre groupe :
• Lieux d’accueil (hall d’entrée, chambre pour des invités, centre de jour, etc.)
• Salle de sport et bien-être physique (gym, salle d’exercice de groupe, piscine, spa, massothérapie, yoga, etc.)
• Lieux de culte et spiritualité (chapelle, salle de prière, salle de méditation, etc.)
• Lieux culturels (bibliothèque, salle de projection/cinéma maison, salle de musique, etc.)
• Lieux extérieurs (jardin de fleurs, potager, terrasse, espace libre pour sports extérieurs, etc.)
• Lieux de socialisation (salle de réunions, salle à manger, petit salon de causerie, etc.)
• Lieux utilitaires (salle de lavage, atelier mécanique ou d’ébénisterie, garage, cafétéria, cuisine collective, etc.)
• Services à la collectivité (garderie, point de dépôt pour paniers de légumes et autres commerçants en ligne ou itinérants, etc.)
• Services commerciaux (salon de coiffure, café, dépanneur, etc.)
• Transport (auto-partage, covoiturage, etc.)
Est-ce qu’un ou plusieurs espaces communs assument plusieurs usages? Ces différents usages sont-ils compatibles entre eux? Par exemple, il n’est peut-être pas idéal de faire cohabiter la salle à manger et les exercices physiques (odeurs, hygiène, etc.).
f. Est-ce que les espaces communs offrent aux résidents une diversité d’usages?
Les résidents présentant des intérêts différents, il sera sans doute apprécié si des usages différents – et l’équipement associé – sont mis à leur disposition. On pourra par exemple tenter d’équilibrer les espaces liés à un usage actif (sport, etc.) et ceux liés à un usage plus contemplatif (méditation, coin lecture, etc.) ou social (table à cartes, coin café, petit salon, etc.), ceux s’adressant davantage à une clientèle féminine (artisanat, etc.) et ceux rejoignant plutôt une clientèle masculine (atelier d’ébénisterie, de mécanique, etc.). De même lors d’activités organisées, on cherchera à offrir des activités diversifiées de sorte que tous y trouvent leur compte.
g. De quelle façon sera coordonnée l’utilisation des espaces communs entre les différentes activités ou pour des activités de nature privée?
Afin d’éviter les attributions conflictuelles ou une apparence de favoritisme (réel ou perçu), il peut être bon de mettre par écrit une procédure claire et uniforme déterminant la manière de prendre en charge la coordination de l’usage des espaces communs. Cette coordination peut être réalisée par une responsable ou un coordinateur, ou par un comité de résidents.
h. Comment sont répartis les espaces communs au sein de l’édifice?
Les différents espaces communs sont-ils regroupés dans un seul secteur de l’immeuble ou sont-ils plutôt répartis sur les étages? S’il n’y a qu’un espace commun, celui-ci est-il positionné de manière centrale ou à une extrémité du bâtiment (gauche ou droite, haut ou bas)? Pour une personne ayant des difficultés à se mobiliser, la distance à parcourir avant d’atteindre un espace partagé peut suffire à dissuader la participation, restreindre la socialisation et augmenter l’isolement.
Résumé
Une habitation collective comme l’est une habitation communautaire peut contenir certains espaces communs, en plus des logements privés. Selon la volonté des locataires et des dirigeants, ces espaces collectifs peuvent servir à offrir du soutien aux locataires. Ce soutien peut être de diverses natures, de l’aide médicale à des services de bien-être ou des activités de loisirs, de spiritualité, de culture, etc.
Ainsi, un projet d’habitation communautaire peut ou non offrir des espaces communs, qui seront disponibles pour offrir certaines formes de soutien ou non. Dans le cas où il y a des espaces communs disponibles pour offrir du soutien, on voudra définir le nombre d’espaces communs disponibles, leur superficie, leur disposition dans l’édifice, leur nature – en fonction de l’usage qu’on souhaite en faire – ainsi que les modalités d’accès à ces espaces communs.